mardi 15 septembre 2015

Raclette à Marret


Tout était si bien organisé… Mais l’antarctique, pays de l’incertain et de la météo hautement dépendante a encore frappé.

La cabane Marret en été
Tout était prévu pour samedi soir mais du mauvais temps étant annoncé pour le samedi avec un mur de neige en approche, la raclette à Marret est finalement avancée au vendredi. Il n’y a pas si longtemps, enfin pendant l’été, on pouvait aisément avoir accès à la cabane Marret mais avec l’hiver et ses précipitations, elle est maintenant totalement enneigée, ce qui complique un peu les préparatifs. Mais qu’à cela ne tienne, une équipe déneigement est mobilisée afin de creuser un passage pour y avoir accès. Après 1h30 d’effort, un chemin est enfin dégagé.

La cabane Marret en hiver...
Le jour J, même si la météo n’est pas top avec de la neige et du vent (40-50kts), les préparatifs ayant été faits, la raclette est maintenue. Et puis, on est héros polaire ou on ne l’est pas! Du coup, départ à 19h du séjour pour ceux qui désirent tenter l’aventure, pour les autres des crêpes seront servies au séjour par un groupe dissident.

On s'installe bien gentiment
A table!
Une fois arrivée, tout le monde s’installe et les appareils sont mis en chauffe. La cabane n’étant pas chauffée et dépourvue d’électricité, elle a quand même 52 ans, l’électricien nous a gentiment changé le coffret électrique. On a donc pu mettre remettre l’électricité et un peu de chauffage pour faire passer la température de -16°C à 0°C, une température bien plus conviviale, même si certains ont toujours froid!

Il fait quand même 0°C!
A l’intérieur, étant sous 1m de neige environ, on est complétement isolé du vent et on ne perçoit rien du bruit extérieur. Le repas se passe sans encombre malgré le manque crucial de cornichons! La réalité de l’extérieur nous revient à l’esprit quand il s’agit d’aller aux toilettes car évidemment il n’y en a plus de fonctionnel à l’intérieur et il faut donc aller lutter contre les éléments pour pouvoir se soulager. Petite anecdote, Coco a failli se perdre en allant pisser alors qu’il n’était qu’à 2m du trou. Mais bon sans masque, ni frontale, moins évident de retrouver l’entrée…

Les premiers départs se font et seuls les plus courageux d’entre nous, vont passer la nuit ici. Après avoir discuté quelques temps, il est temps d’aller se coucher. Les duvets « grand froid » sont de mises et les 5 rescapés se mettent dans la même pièce pour limiter les pertes de chaleur car chauffage et appareils à raclette ont été coupés.

Au dodo
Au réveil, après une nuit pas des plus reposante, nous constatons que l’entrée est complétement enneigée. Après avoir creusé un trou depuis l’intérieur avec les dents, non je rigole on avait une pelle J, on ne s’éternise pas trop pour le petit-déjeuner vu la température. Et ce sera finalement au séjour qu’il sera pris. Le matériel sera ramené un autre jour, où le temps sera plus clément.

Bloqué...
Libéré!
Cela faisait 6 mois qu’on en parlait, maintenant c’est fait!

















dimanche 13 septembre 2015

Petit à petit, l'oiseau fait son nid


Je vous avais laissé dans mon dernier article concernant les empereurs à l’heure des naissances. Il s’est écoulé depuis ce temps-là presque deux mois, autant dire une éternité!

Lever de soleil sur la manchotière
Depuis, les aller-retours des mâles et femelles entre la mer et la colonie sont de plus en plus nombreux et fréquents et permettent un nourrissage plus conséquent des poussins. Au tout début les poussins sont exclusivement nourris avec ce que l’on appelle du « lait de manchot ». En effet, après 2 mois d’incubation, le mâle n’a plus grand-chose à lui offrir, mais avec l’arrivée des femelles bien repues par leur voyage en mer, une sorte de bouillie mélangeant le « lait de manchot » et le fruit de leur pêche (poisson, krill et calmars) leur sera donné.

Traces de manchots
Premiers pas en solitaire sur la neige
Au chaud dans la poche incubatrice, les petits marmots se développent vite. 2 mois après leur éclosion, les premiers poussins s’émancipent thermiquement. Ils ont alors un duvet et une couche de graisse suffisamment épaisse pour sortir de la poche et commencer à se promener seuls, sous la surveillance des parents bien entendu!

Exploration du territoire
Car attention, avec les échecs que certains couples ont connus et qui n’ont pas réussi à conserver leurs progénitures, des « rapts » s’organisent. En effet, un poussin qui s’éloigne trop de son parent, une glissade, une bousculade, un abandon… autant de situations propices au kidnapping du poussin. La majorité des manchots impliqués dans ces rapts sont des manchots en échec avec un taux d’hormone de soin parental (la prolactine) resté élevé, à tel point qu’il devient alors vital de s’occuper d’un poussin, n’importe lequel! Malheureusement, la plupart du temps, le poussin ainsi kidnappé se voit rejeté quelques heures plus tard. Il sera alors de nouveau kidnappé, récupéré par son parent d’origine si cela n’est pas déjà fait, ou alors devra se débrouiller seul pour survivre après une émancipation forcée.

Rapt: mais où est le poussin?!
Et comme un effet papillon, l’éclosion des poussins coïncide avec le retour des pétrels géants. Etant protégé de par leur position dans la poche incubatrice, il a fallu attendre les premiers pas pour observer les premières prédations. En effet, les pétrels géants qui se nourrissent d’ordinaire de poissons vont changer leur régime alimentaire pour devenir carnivore et ainsi pouvoir élever à leur tour leur progéniture. Végétariens, prenez-en de la graine!

Combat entre 2 pétrels géants 
Les manchots n’étant pas des animaux très agressifs, le pétrel géant circule aisément dans la colonie quand celle-ci n’est pas trop serrée. S’en suit alors une partie de cache-cache où le poussin va devoir ruser pour ne pas se faire attraper car les pétrels géants sont de nature patiente et attendent l’occasion parfaite pour se saisir d’un poussin grassouillet sans se fatiguer.

Pas de chance pour celui-là...
Les empereurs étant par nature des animaux sociaux, les poussins se rassemblent rapidement en crèche sous la surveillance d’un adulte pour premièrement lutter contre le froid et deuxièmement car le nombre fait la force! Ainsi, protégés par des adultes en nombre décroissant, les poussins se regroupent au centre de la colonie afin d’éviter la périphérie où les pétrels géants rodent…

Formation des premières crèches