mardi 26 mai 2015

La manchotiére dans tous ses états!



Ils arrivent!!

Un petit saut dans le temps pour vous ramener jusqu’à nos jours! Je quitte momentanément le récit de mes aventures mais ne vous inquiétez pas, vous saurez bientôt ce qui s’est passé à Noël…

Tout cela pour vous dire une chose ULTRA importante, ce mardi 12 mai, nous avons vu notre 1er œuf de manchot Empereur!!! Mais entrons un peu plus dans les détails depuis le retour de la manchotière.
Alors pour commencer, le terme manchotière désigne le lieu où se reproduisent ces petits animaux, enfin pas si petits puisqu’ils peuvent mesurer jusqu’à 1m20. 

Ils étaient partis fin janvier pour aller se dorer la pilule au soleil en bord de banquise, muer et se nourrir avant d’affronter l’hiver suivant. Ils sont donc revenus tous beaux, tous fringants et bien repus à la mi-mars. Entre ces 2 périodes, on a bien croisé quelques spécimens dans le coin, mais ils n’étaient là que pour le tourisme! Ou peut-être était-ce pour reconnaître les lieux… Il y a donc eu pas mal d’allées et venues avant que la manchotiére ne s’établisse vraiment. Les arrivées se sont poursuivies tout au long du mois de mars et d’avril pour atteindre près de 7000 individus fin avril, soit 1000 de moins par rapport à l’année dernière. 


La parade accompagnée du chant

Dès leur arrivée, la phase de parade commence, il faut bien trouver l’âme sœur, et autant en profiter si on est arrivé en avance! Chez un Empereur, être un mâle est une chance car comme les femelles sont plus nombreuses, elles doivent« littéralement » se battre pour former un couple.


Bagarre entre 2 femelles

 Des couples identiques aux années précédentes peuvent se former mais les femelles célibataires font tout pour casser les couples nouvellement constitués et trouver l’amour!

S’en suit la phase de copulation. Et oui, il faut bien essayer d’assurer la pérennité de l’espèce… Les premières copulations ont été observées mi-avril et s’étalent sur 2 mois.


Pas timide du tout!

Et paf ça fait des Chocapic… Le 1er œuf a été observé le 12 mai après plusieurs jours de tempête. 

Puis vient la phase de passation, qui se déroule actuellement. Après s’être épuisée à pondre, la femelle doit retourner en mer pour se nourrir et récupérer des forces en prévision du nourrissage du poussin qui fera son apparition dans environ 2 mois. Avant de partir, elle doit d’abord passer l’œuf au mâle! 


Et hop, bien au chaud!

Cette opération est plutôt délicate car l’œuf ne doit pas rester trop longtemps sur la glace. En seulement 2h, l’œuf est complètement gelé et commence à se fissurer, mais il est perdu bien avant ça... Les deux partenaires effectuent donc cet échange avec une précaution infinie, ce qui fait que cela peut durer plusieurs heures. 

Oeufs abandonnés...

Il n’est pas rare que les jeunes manchots inexpérimentés échouent et perdent leur œuf à ce moment critique du cycle. A contrario, les individus expérimentés choisissent généralement de s’isoler du groupe et effectuent cet échange en périphérie, afin d’être tranquilles et à l’abri des mouvements de la colonie. Monsieur va donc couver cet œuf pendant 2 mois et aura donc ainsi jeûné durant environ 110 jours au total, depuis son arrivée à la colonie et jusqu’à ce que sa chère et tendre vienne prendre le relais. 


Vérification: ok!

Une fois la passation terminée, la femelle et le mâle chantent à plusieurs reprises, en s’assurant que l’œuf est bien au chaud puis la femelle s’en va en direction de l’eau libre… De son côté, le mâle rejoint les autres, pour se prémunir du froid et des tempêtes à venir en formant des tortues (formations serrées au sein desquelles il peut faire jusqu’ 30°C). 


Formation d'une tortue à l'approche d'une tempête

Pendant cette période d’incubation, c’est malheureusement aussi la période des 1ers œufs abandonnés… Il arrive qu’en début ou à la fin d’une tempête,  lorsque la tortue se forme ou se disloque, certains soient bousculés ou glissent en tentant de rejoindre le groupe et perdent leur œuf, ou alors qu’il y ait des rapts (des individus en échec et sans œuf qui tentent de s’accaparer l’œuf d’un autre).

Les premiers poussins devraient pointer le bout de leur bec aux alentours de début juillet, la suite très prochainement !

mercredi 13 mai 2015

A la veille des fêtes!


Je sais, j'ai failli à ma tâche... Mais le mois de mai s'annonce hyper prolifique! En voici déjà un... Et le suivant ne va pas tarder à suivre.



Le petit bâtiment bleu en 1er plan, c'est notre labo :)
Déjà plus d’un mois que je suis là (et oui, j’ai un poil de retard quand on sait qu’on est le 12 mai…), et je commence à prendre mes marques et mes petites habitudes. Les hivernants de notre mission viennent juste d’arriver, et même si on est content de les voir, on est plus proche de ceux qui partent, car on partage beaucoup en peu de temps. Mais avec leur arrivé, il y a plus d’animations le soir et lors des repas, pour le plus grand désarroi des hivernants sortants. En effet, après plus d’un an à 25, voir débarquer tout ce petit monde en si peu de temps bouleverse leurs habitudes. Et même s’ils étaient contents de voir de nouvelles têtes, très vite, il envie leurs vies passées.


Hier soir, on a eu le droit à notre première petite tempête avec des vents à 75 nœuds! Enfin, depuis le temps qu’on l’attendait! Car on nous parlait des vents violents de DDU mais pour l’instant, il était resté dans la légende. A partir de 20 nœuds, onentend le vent souffler depuis sa chambre si l’on a la chance, ou pas, d’en avoir une côté séjour(c’est-à-dire orienté dans le sens du vent dominant, c’est-à-dire Est). Mais là, en plus de l’entendre, on pouvait le sentir! Puisque à partir de 40 nœuds, le bâtiment commence à bouger.... Mais ce n’est pas désagréable de se faire bercer par le vent quand on est au fond de son lit sous une couette bien chaude!

Un coucher de soleil bien sympa sur la banquise...
Après 3 jours d’analyses (CPG et CI confondus), on relâche un peu. Aujourd’hui, je me suis occupé des routines pour laisser Guillaume et Alban (Glacio entrant et sortant) partir en manip avec les ornithos. Mais bon, pas le temps de souffler trop longtemps car l’après-midi, il faut décharger les hélicos qui nous ramènent des vivres (nourriture, boissons…) du bateau. Et c’est quand même important de prendre le temps de le faire car c’est quand même pour nous et notre hivernage que ces vivres sont déchargés.

La bière arrive!!
On profite de ce beau dimanche ensoleillé pour sortir les shorts, enlever les t-shirts et faire bronzette sur le local poubelle. Mais attention, c’est un super spot car exposé au soleil, à l’abri du vent et surtout sans odeur, vu qu’il n’y a que des cartons à l’intérieur. C’est aussi l’occasion  de discuter, faire diverses activités, passer du temps avec les personnes partant à R1 et qui embarqueront prochainement. Et le soir, présentation du médecin de notre mission sur la médecine dans les TAAF (Territoires Australes et Antarctique Français) et plus particulièrement à DDU. En résumé, peu ou pas de moyens, et une formation partielle du médecin qui ne peut être tout à la fois, chirurgien, urgentiste, dentiste... Donc vaut mieux éviter de se faire mal!

Un pétrel des neiges
Mis à part ça, Noël approche à grands pas, et avec les motivés, le séjour et le sapin sont décorés. A la veille de Noël et après les routines du lundi, je vais aider Benji car pour la première fois depuis que je suis arrivée, la maintenance sur l’appareil mesurant le taux de mercure dans l’atmosphère a pris moins de 2h! L’aide consiste à compter les pétrels des neiges autour de la base et savoir s’ils sont seuls ou en couple, et avec ou sans œuf. Il faut également repérer les nouveaux nids et refaire le marquage des anciens pour pouvoir les repérer plus facilement les années suivantes. Tout ceci est dans le cadre d’un suivi à long terme de la population. 
En couple
Dans son petit nid douillet!